Comment se déroulent mes ateliers d’écriture ?
Écrire en atelier, c’est pratiquer un loisir créatif. Des personnes d’âges et de parcours variés se retrouvent pour écrire, comme d’autres passionnés se retrouvent pour chanter en chorale !
Ici, la cheffe de chœur, l’animatrice, c’est moi. Et voici mes responsabilités :
D’abord, je concocte le programme de la séance (ou du week-end) à partir de la demande du groupe. Le plus souvent, c’est : « On aime la grande variété de tes propositions, fais-nous la surprise ! »
J’aime beaucoup cette phase de préparation. En fait, je suis tout le temps en alerte, dans mes lectures de romans, d’essais, de presse, dans les conversations, mes propres pensées et souvenirs, les visites de lieux très divers…
J’ai des piles impressionnantes de pochettes « animations faites » et « à faire » et des collections sans cesse enrichies de reproduction de tableaux, de banques d’images, de musiques…
Je rédige des propositions d’écriture qui doivent être claires, motivantes, ouvertes et qui donnent envie aux participants de se lancer.
« Prenez un papier, un crayon et écrivez » : ça ne suffit pas. Il faut un déclencheur : une photographie, un tableau, un article de presse, un objet, une chanson, des odeurs, un moment particulier de leur vie, une citation, un défi, des mots à intégrer, des débuts ou des fins de textes… Déclencheur parfois assorti de contraintes qui ne brident pas, mais encadrent.
Si je souhaite faire un apport aux participants pour enrichir leur pratique, je me documente.
La proposition peut passer par le jeu avec des figures de style : les métaphores, les anaphores… Ou avec les genres littéraires : les petites annonces, les cadavres exquis, les haïkus, la poésie, la correspondance, le journal intime, l’autofiction…
Je soigne particulièrement à l’avance la présentation de ce que j’expose, je donne des exemples de ce qui pourrait être écrit. La proposition peut être piochée dans un roman et on lira des extraits : comment l’auteur s’y prend-il pour décrire son personnage, raconter un événement, évoquer un souvenir, rendre vivant un dialogue ?
L’animatrice est la gardienne du temps. J’ai évalué celui qui est nécessaire pour rédiger un « premier jet » et je l’annonce. Avoir une échéance pour produire un texte est stimulant, cela booste « les écrivants ».
Brusquement, il règne un grand silence, chacun vit un moment d’intimité avec soi. On plonge dans ses souvenirs personnels, ses lectures, son imagination, sa palette émotionnelle… afin de répondre au mieux à la proposition. Et parfois, on repêche des « éléments » enfouis qui nous surprennent !
Puis, on prend le temps pour trouver le mot juste pour exprimer, ce qui peut être un vague ressenti, une intuition, créer un suspens et une chute…
Bien entendu, je reste disponible pour lancer sur les rails celles et ceux que la demande laisse dubitatifs. Je n’écris pas en séance, je me concentre sur les écrits des autres, pas sur les miens !
Contrairement aux situations d’écriture scolaire, on a tout le loisir de ne pas respecter la consigne, si une meilleure inspiration jaillit.
Vient ensuite le moment de la lecture des textes. L’animatrice devient régulatrice. Il faut veiller à ce que chacun soit accueilli, écouté et traité avec bienveillance. En effet, on s’expose au regard des autres, en livrant sa production « à chaud ». Il est nécessaire d’avoir été mis en confiance.
Quel bonheur pour moi de sentir, à l’écoute du texte produit, que c’est pour lui ou elle quelque chose qui dormait là, un peu enfoui et qui émerge avec des mots qui sont choisis pour exprimer au mieux une idée, une émotion, un souvenir fugace.
Tous les participants et moi aussi, nous sommes souvent surpris de la variété des textes rédigés avec une même proposition de départ. On se régale en dégustant des récits drôles, poétiques, émouvants, imprévus…
Celle ou celui qui lit est ravi d’avoir des auditeurs (à défaut de lecteurs) qui donnent ainsi un surcroit d’existence à son texte.
Parfois, on entend : « Je n’ai pas été inspiré, je ne suis pas content de ce que j’ai fait… ». Alors, je réponds quelque chose comme : « Laisse-nous écouter, je suis certaine qu’on y trouvera des bouts qui valent vraiment le coup… » À la limite (c’est rare) on a le droit de ne pas lire, l’important, c’est d’avoir écrit.
En tant qu’animatrice je dois être particulièrement concentrée sur l’écoute, car un retour constructif et bienveillant, mais non approfondi (ça n’est pas le lieu), est attendu !
Que deviennent ces textes écrits en atelier ? Parfois rien. Leur simple jaillissement a suffi à faire plaisir à leur émetteur. Certains reprennent leur « premier jet », le retravaillent et le font découvrir à un public plus large (famille, amis, concours de nouvelles…). J’en connais certaines qui rédigent ainsi leur « autobiographie ».
Au moins une fois dans l’année, je propose de piloter l’élaboration d’un recueil, sur un thème (voir l’onglet Publications). Cela implique des échanges par mail avec chacun et des moments de réécriture. C’est uniquement dans ce cas et de façon individuelle que j’approfondis mes suggestions d’amélioration des textes (fond et forme). Il arrive que chacun recherche des illustrations. Puis, je confie la maquette finale à l’imprimeur.
En cas de confinement, la continuité des ateliers est assurée. Les participants ont plus de temps pour écrire chez eux, les textes sont lus lors de séances en visio avec le logiciel Jitsi (pour ceux qui le souhaitent) puis diffusés par mail, à tous. Très riches séances de lecture qui s’étalent sur plusieurs jours.
En parcourant la rubrique Témoignages vous aurez le point de vue des participants.