Passer de l’autre côté du miroir, te souviens-tu ?
Un leitmotiv, ta quête de l’essentiel.
Ciel,
Dans la nuit, tu voyais toujours des étoiles.
Maintenant, tout est noir
L’azuréen est ténèbres.
Ce jour-là, tu explosas le pare-brise de tes quatre chevaux à moteur.
Pris en pleine face.
Traversée de la psyché.
Tout est froid, inerte dans ce nouvel espace où tu reprends conscience.
Tes yeux !
Ta main se déplace fébrilement, inspecte la carte du visage.
Vue sur le nord, géographie irrégulière, terrain cotonneux,
Enturbanné de bandes.
Tu persistes ton exploration, tâtonnes la momie
Au centre, une pointe en altitude
Ton nez, douloureux contour enrubanné.
Aseptisée cette atmosphère, humes-tu !
Tu comprends dès lors que tu loges à l’hôpital.
Et ce corps endolori, meurtri,
Comme un vieux fagot de bois,
Tu le sens craquer, craquer de toute part,
Pourvu qu’il ne rompe pas !
Mais cette fois, tu n’as pas droit au chapitre.
Tu es allongé,
Position horizontale qui n’était pas ta tasse de thé
Toi, baroudeur invétéré, sportif effréné
Te voilà
Là,
Dans un nouvel univers.
Donne-toi la main. C’est elle maintenant ton guide.
Nouvelle inspection
Elle t’indique des yeux emmaillotés.
Ça pique, ça tire, alors que des lames transpercent tes chairs.
Lames de fond, bises, tempêtes, tu étais pourtant rompu à la casse, aux fractures, aux cicatrices
Mais là, tu fais fort, y’a pas photo
Tout ressort en noir et blanc, un bon négatif !
Cette vision argentique fait naître un rictusourire un tantinet crispé sur ta face solennelle.
Mais ta mémoire ne présente aucun signe de cécité.
Les souvenirs du choc des véhicules,
Les sons sourds, bourdonnements lointains
Ce liquide visqueux, épaisse tiédeur dégoulinante avant d’inonder lèvres et delta sinueux.
Sirènes stridentes.
Intensément gravés, ces relents remontent lentement,
À la lenteur étouffée
Étouffante d’une nausée.
Ce récit n’est pas une œuvre de pure fiction.
Toute ressemblance avec un personnage réel n’est ni fortuite ni involontaire.
Michelle