Ailleurs, 23 Mars 2024
Chère terre natale
Je me suis enfin résolue à te quitter.
Cela va te paraître sûrement un peu brutal, mais notre esprit s’en portera mieux, tu verras !
Tu es et seras toujours dans mon cœur, ma chérie. J’en suis persuadée. Notre lien est atavique et indissoluble. Je te porte entièrement sur moi : on te découvre dans mes yeux, dans la couleur de mes cheveux, dans ma manière de parler avec les mains.
Tu ne dois pas m’en vouloir, nous avons vécu de merveilleuses années toutes les deux et, à partir de maintenant, nous vivrons autrement. Le soleil continuera à réchauffer tes douces formes et la mer les trempera. D’autres corps que le mien s’allongeront sur toi et tu sauras les accueillir avec la même douceur.
Quant à moi, j’ai besoin de poser mes pieds sur des terrains non familiers, de me fouler une cheville, d’écarter mes yeux et grimacer à nouveau face aux paysages. Ce n’est pas toi, c’est moi par rapport à toi. Tu es et resteras toujours aussi merveilleuse, généreuse, accueillante.
Je ne suis pas très loin et viendrai te voir, je te promets.
Ne m’en veux pas, mon amour. C’est difficile pour moi aussi, mais je suis têtue et j’ai besoin de m’éloigner pour, peut-être, te retrouver dans un ailleurs qui nous appartient, mais nous échappe encore.
Prends soin de toi, promets-le-moi.
Viscéralement tienne,
Petra
Gloria